Que reste-t-il de la Sublimation dans un monde remué de pulsions, et désormais nourrit d’immédiateté et de vitesse -niant les espaces-temps de contemplation, de réflexion et de maturation pourtant si salutaires ?
Le fruit n’est pas mûr qu’il est déjà cueilli et servi au monde, acide, âpre, servant par la même la dynamique de consommation qui fait loi de nos jours et fini par contaminer tout un chacun.
Et voilà que dans notre souci d’exister et d’accomplir, on craint l’obsolescence de ce tout qui peut émerger de nous-mêmes, alors qu’elle le préexiste, aujourd’hui plus que jamais à l’heure des réseaux sociaux.
Qu’en est-il donc de l’abstraction, de l’entre-lignes, d’une imagination qui se laisserait séduire par l’attente ? Qu’en est-il de cet espace de liberté d’être et de penser qu’il revient à chacun d’habiter à sa guise ? Qu’en est-il de la création artistique qui se couve, se découvre et se recouve ? Pouvons-nous encore prétendre consentir à se passer de l’immédiat pour la simple, et pourtant si essentielle, beauté du geste ? D’un geste qui demande du temps, qui se peaufine, s’affine et se dessine dans la trace de son propos.
Il faudrait résister, en sublimant encore et encore, en convertissant notre énergie dans un processus de création, car ce n’est pas un déni de la réalité que de le faire, mais c’est un moyen efficace de la surmonter en passant outre ses contraintes.
Ce qui est extrêmement puissant.
Cile